jeudi 11 août 2016

Les légumes et les fruits de Sadia : tout en bioté.


Sadia est née en Grande Kabylie, à Tizi Ouzou. Toute petite, elle est tombée dans les plantes sauvages comestibles comme Obelix dans le chaudron magique. A l’heure du goûter, elle boude les gâteaux dont raffolent les enfants et leur préfère les mûres sauvages, les figues, les tendres fèves fraîches, les herbes aromatiques. Ainsi débute l’histoire d’une passion. Dans le sillage maternel, elle goûte, apprend, comprend vite ce que l’on peut faire avec une terre fertile et des graines. Lorsqu’elle perd, très jeune, sa maman qui lui a tout appris des plantes de son pays, elle prend le relais. La transmission des savoirs est assurée.
Courgettes



Sadia sait tant de choses à l’âge où l’on s’amuse souvent autrement ! Comment on cultive chaque plante, comment on les protège, comment on travaille et soigne chaque espèce, comment on les récolte, comment on leur parle. Tout ce qui est dans les champs est son domaine. L’adolescente passionnée de biologie prépare ensuite un bac scientifique. Plus tard, dès son arrivée en France en 1996, c’est le coup de foudre pour un village du Val d’Oise, à vingt minutes de Paris. L’aventure démarre. Aujourd’hui, dans le potager de Sadia d’où est strictement banni le moindre produit chimique, poussent des carottes, des pommes de terre, des navets, des tomates de différentes espèces, des courgettes et cucurbitacées en tous genres, des petits pois, des haricots, des herbes aux fragrances délicates, des oignons, des betteraves, de la rhubarbe….

Il est presque impossible de tout énumérer tant la nature est merveilleuse sur cette terre riche et fertile ! Sadia vit au rythme des saisons : hors de question de perturber l’ordre naturel. « Ca pousse, je mange, ça ne pousse pas, je ne mange pas ! J’attends la bonne saison » dit-elle. Et d’ajouter : « C’est la nature qui fait son choix, c’est comme ça que l’on retrouve le vrai goût des légumes et des fruits. » Puisse-t-on l’entendre fort ! Notre passionnée arrive à acclimater des graines et des racines étrangères qu’elle rapporte de sa Kabylie natale ou d’autres voyages. Ainsi trouve-t-on chez elle une plante nommée « thaghdiwth » en kabyle, ou chardon, qui accompagne délicieusement le couscous.

Les fruits ne sont pas en reste, qui partagent avec les légumes et les herbes les faveurs de notre maraîchère : des figuiers encore jeunes donnent des fruits charnus et goûteux, les mûres s’en donnent à cœur joie dans un camaïeu de rouges et violets, prunes, cerises, fraises, poires, pommes mûrissent au gré des saisons. Sadia veille.

Dire qu’elle a les pouces verts est une belle évidence. Alors, quelle que soit la couleur des nôtres, n’hésitons pas à lui donner un coup de…. pouce !

Valérie Denarnaud - Mayer

Thaghdiwith

Vous pouvez la contacter sur sa boîte mail : tanison75@gmx.fr

mercredi 13 avril 2016

Bourgogne gourmande : une palette de fromages.

Arômes de fruits, de noisette, de champignons, de sous-bois, de bouquets, de fruits secs. Arômes persistants en bouche, éventail de sensations. Non, il ne s’agit pas de grands crus. En Bourgogne, les vins ne sont pas les seuls à avoir gagné des lettres de noblesse : d’autres délices locales ravissent les palais les plus exigeants. Presque une trentaine de fromages composent un plateau aux noms charmants et aux saveurs inimitables et Brillat-Savarin, célèbre gastronome français, avait ô combien raison d’affirmer dans sa Physiologie du goût (1825) : « Un repas sans fromage est une belle à qui il manque un œil. » Si les stars -  l’époisses, le brillat-savarin, le chaource, le mâconnais ou le soumaintrain de l’Yonne - se taillent la part du lion et brillent au firmament de notre culture olfactive et gustative, elles n’ont aucune raison d’éclipser le bouton de culotte, l’ami du Chambertin, le trappiste de Cîteaux, le cendré de Vergy, la Pierre-qui-vire, le petit creux, le trou du cru, le dôme des Belles-Fontaines, le palet de Bourgogne, le Saint-Florentin, le charolais et autres boule aux herbes, tomme des moines grise et rouge, clacbitou, trinquelin, paillé, rond pis ou lardu…. Avant de passer à table, une petite mise en bouche s’impose : plongeons-nous dans l’histoire parfois séculaire de ces noms poétiques, indissociables des terroirs de l’ancien fastueux duché de Bourgogne.

C’est à l’orée du XVIème siècle que débute notre balade fromagère, dans le petit village d’Epoisses. Une communauté de moines cisterciens s’y établit, créant un fromage dont le secret de fabrication n’aurait été transmis que deux siècles plus tard, lorsque les religieux quittèrent les lieux, aux paysannes de la vallée. Un héritage précieux que ces dernières eurent à cœur de perpétuer dans les fermes de l’Auxois, fixant et améliorant savoir-faire et qualité de fabrication d’un produit d’exception que l’on dégustait déjà à la cour de Louis XIV. Au début du XIXème siècle, l’activité fromagère propre à la région d’Epoisses est attestée, le fromage s’exporte à Paris, sa renommée n’est plus à faire. Lorsque, au Congrès de Vienne en 1815, Talleyrand organise un concours avec quarante-neuf fromages européens, l’époisses est classé deuxième, derrière le brie. Brillat-Savarin le consacre « roi des fromages » tandis que le New York Times, en 1924, parle d’un « almost unknown cheese, the very king of cheeses – the cheese of Poisse.  » Hélas, la seconde guerre mondiale eut raison de la production grandissante d’un délice dont la fabrication complexe requérait main d’œuvre qualifiée et temps. Les femmes délaissent cette activité, les nouvelles générations ne la reprennent pas, la fabrication de l’époisses à la ferme décline et disparaît dans les années 1950. Au même moment, un couple d’agriculteurs vole à la rescousse de ce fromage du passé, en relance la production et redore son blason : le « roi des fromages », dont la reconnaissance officielle eut lieu en 1991 par l’obtention d’une AOC, trône à nouveau en majesté sur les plateaux du monde entier. Quel est donc son fabuleux secret de fabrication quasiment inchangé depuis cinq siècles ? Tout d’abord le lait utilisé : seules certaines vaches, autour des solides fermes bourguignonnes, ont la délicate mission de fournir un lait gras et fleuri qui dès son arrivée - entier bien sûr - à la fromagerie, est monté en température dans des cuves afin de subir une légère maturation puis l’emprésurage. Celui-ci entraîne une coagulation lente, lactique, qui dure entre seize et vingt-quatre heures. On obtient ainsi le caillé, fragile, que l’on tranche pour le mettre à égoutter dans des moules perforés d’où s’échappe librement le petit lait. Après quarante-huit heures d’égouttage naturel et deux fois retourné, le fromage est démoulé, salé, posé sur des claies pour sécher et enfin conduit dans des caves d’affinage. Chaque fromage est alors lavé une à trois fois par semaine, avec une eau progressivement enrichie au marc de Bourgogne. Ces soins attentifs durent entre quatre et huit semaines : un affinage sans hâte qui permet l’épanouissement des arômes et des saveurs, ainsi que la belle robe variant de l’ivoire orangé au rouge brique selon le degré de maturité. A vos cuillers ! La pâte beige claire, souple et onctueuse est prête à être dégustée. Un chassagne-montrachet lui sied à merveille. Napoléon, lui, l’aimait avec un vin de Chambertin.



Epoisse
© Syndicat de défense de l'époisse
L’époisses partage volontiers son plateau, même avec ses prédécesseurs. Remontons donc plus avant dans le temps. Lui aussi fromage à pâte molle et croûte fleurie fabriqué exclusivement avec du lait de vache entier, lui aussi porteur du nom d’un village, entre Bourgogne et Champagne, le chaource est connu dès le XIIème siècle : les religieux de l’abbaye de Pontigny se seraient penchés sur son berceau et l’évêque de Langres s’en régalait. Au début du XIVème siècle, Marguerite de Bourgogne, épouse de Louis X le Hutin, l’exigeait à sa table et son beau frère, Charles IV le Bel, se le fit présenter lors de son passage à Chaource. Et au XIXème, ce cylindre plat à la croûte blanche et duvetée, à l’odeur légère de champignon et de crème, à la pâte onctueuse aux arômes de noisette, a acquis sa notoriété sur les principales places françaises.

Le soumaintrain, qui porte le nom d’un village de l’Yonne,  peut également se targuer d’une origine médiévale, bien que les premières traces certifiées de sa fabrication remontent à 1631 (versement de la dîme à l’abbaye de Pontigny) : en 1117, les moines cisterciens s’acquittaient du fermage de leurs terres avec ce fromage à pâte molle et à croûte lavée de couleur jaune paille à ocre foncé. Il n’est pas affiné à l’alcool, mais sa pâte fine à l’amertume noble et aux saveurs de noisette et de sous-bois se marie harmonieusement avec un irancy.

Place aux nouveau-nés du siècle dernier : récents, oui, mais non moins forts en bouche ! Fromage puissant, né en 1950 sur la côte dijonnaise, l’ami du Chambertin est fabriqué selon un savoir-faire inspiré de celui des moines et des fermières d’antan, en laiterie artisanale, au lait cru de vaches de la région. Affiné plus de quatre semaines en cave avec lavages à l’eau et au Marc de Bourgogne, ce cousin de l’époisses porte haut les couleurs de sa robe d’or.

Créé dès 1890 en Seine-Maritime sous le nom d’Excelsior, notre brillat-savarin est ainsi renommé en 1930 par Henri Androuët en hommage au célèbre gastronome Jean Anthelme Brillat-Savarin. Sa production se déplace alors de Normandie en Bourgogne où il est affiné depuis plus d’un demi-siècle. Fromage à pâte molle et croûte fleurie, au lait de vache enrichi en crème, dodu, replet et sans complexe de poids, il aime les réjouissances et boude les régimes tristes. Son onctueuse pâte blanche est fruitée, un peu acide, et libère en bouche des arômes de beurre, de champignon et de noisette.

Plus confidentielle, toujours au lait crû entier de vache, la  pierre-qui-vire est fabriquée depuis 1980 par les moines de l’abbaye bénédictine de Sainte Marie de la Pierre-qui-Vire au sud de l’Yonne. L’abbaye de Cîteaux n’est pas en reste, dont les moines élaborent depuis 1925 le trappiste de Cîteaux. Et que diriez-vous d’un cendré de Vergy ?

Mais laissons là la vache ! Dès le XVIème siècle, fermiers, métayers et viticulteurs élevèrent sur les prés communaux, les herbages des larges chemins ou les prairies intercalées entre les côtes viticoles, la « vache du pauvre », utilisant le lait cru de leurs chèvres pour en fabriquer des fromages, se constituant une alimentation substantielle et un revenu. Naissent au fil des siècles le charolais, le mâconnais, le bouton de culotte, le dôme des Belles Fontaines, le marcigny, le racotin, le poiset au marc… qui ravissent encore nos papilles. Alors, encore un Bouton de culotte sur le velours d’un Nuits-Saint-Georges ou le satin blanc d’un Chablis ?
 
Article de Valérie Denarnaud - Mayer paru dans la revue L’éléphant n° 14, avril 2016
www.lelephant-larevue.fr
 


Fromage de Langres
http://www.tourisme-langres.com © Angélique Roze
 









Périodes de consommation idéale:
  • l'Epoisse de mai à octobre mais aussi d'avril à décembre.
  • Le Langres de mai à août mais aussi de mars à décembre.
  • Le Soumaintrain de mai à octobre mais aussi d'avril à décembre.
  • Le Brillat-Savarin d'avril à octobre mais aussi de mars à octobre.
  • Le Chaourse de juillet à octobre mais aussi de janvier à octobre.
  • Le Charolais de mai à août mais aussi de mars à décembre.
  • Le  bouton de culotte de juillet à octobre mais aussi de juin à novembre.    

dimanche 31 janvier 2016

La caverne d'Ali Baba de la confiserie

Pain d'épice
Les amateurs de confiseries doivent absolument faire escale A l’Etoile d’Or, lieu mythique, connu dans le monde entier tant pour ses produits que pour sa créatrice.

Suite à une explosion de gaz il y a près de deux ans, la caverne d’Ali Baba de la gourmandise a bien failli disparaître à jamais. C'est ne pas connaître l’incroyable et unique Denise Acabo! Après une période de découragement - on le serait à moins - Denise, loin de baisser les bras, a finalement décidé de se battre pour redonner vie à sa passion et pour continuer à nous la faire partager. Quelle joie!

Denise Acabo
Du haut des ses 80 printemps, avec ses deux nattes et sa jupe écossaise, Denise est une institution à elle seule. Quand elle vous raconte l’histoire de chaque sucrerie, chaque chocolat, chaque nougat, chacune des mille douceurs de ses étagères, elle vous tutoie, passe de l’argot aux phrases les plus raffinées, vous emmène à travers la France que, depuis plus de 46 ans, elle sillonne pour dénicher des perles rares. Et des plus surprenantes. Quand vous pénétrez dans son royaume, vous redevenez un enfant et rêvez de tout goûter, de tout croquer, sans limites. Et Denise parle, vous faisant voyager, et vos papilles s'affolent, vos sens sont en émoi.





Ici, tous les produits contenant de la lécithine, des émulsifiants, des colorants ou autres bizarreries chimiques sont totalement bannis. Des marques d’antan aux produits contemporains, vous trouverez de quoi assouvir vos instincts de gourmand.

Le Négus de Nevers (Maison Grelier), les confiseries Lilloises du P’tit Quiquin, les pruneaux fourrés l’Agenaise ou Paul Boisson, les bonbons fourrés les vérités de La Palisse, les nougats de la maison Fouque (1er prix au Master Européen de dégustation en 2003 et 2004 pour les nougats noir et blanc de Provence), les chocolats de la maison Bernachon (entreprise familiale lyonnaise qui fait partie des grands noms des artisans chocolatiers)… Cette liste est loin d’être exhaustive. Vous y trouverez même des livres de pâtisserie.


Ne cherchez pas de site internet ou une page Facebook A l’Etoile d’Or car Denise Acabo n’en n’a pas besoin. Cet endroit fait partie de ces derniers lieux incontournables, ambiance et saveurs garantis pour les nostalgiques d’une époque révolue et pour celles et ceux qui aiment  les fortes personnalités!   





Article japonais sur Denise Acabo


A l'Etoile d'Or
30 rue Pierre Fontaine
75009 Paris
Tel: 01 48 74 55 55